Projets de recherche
7 résultats
Porteur: Elisabeth Brown
Résumé:
La Guyane présente un indice synthétique de fécondité élevé ‐ le plus élevé d’Amérique du Sud ‐, égal à celui d’Haïti, soit 3,4 enfants par femme. Les autres départements d’Outre‐mer de la région ont des indices synthétiques de fécondité proches de celui de la France métropolitaine : 2,0 ou 2,2 enfants par femme. Les autres pays de la région se caractérisent eux‐mêmes par des indices se situant autour de 2 enfants par femme. A la frontière avec le Brésil, la commune de Saint‐Georges de l’Oyapock, au 1er janvier 2009, comprend 4 129 habitants. L’’évolution annuelle moyenne de sa population, entre 1999 et 2009, est de +7,0%. La commune de Camopi, quant à elle, comprend 1 605 habitants au 1er janvier 2009 et l’évolution annuelle moyenne de sa population entre 1999 et 2009 est de +4,5% (Source : Insee, RP1999 et RP2009 exploitations principales). Le « dynamisme » démographique est fréquemment évoqué à propos de la Guyane. Il suscite des commentaires : les jeunes femmes auraient de nombreux enfants pour bénéficier des allocations familiales, les femmes d’origine étrangère seraient seules responsables de la croissance de la population… A la frontière avec le Brésil, une population dont la croissance est comprise entre +5% et +7% par an depuis une dizaine d’années génère une pression démographique sur l’ensemble des infrastructures offertes par l’Etat et les collectivités territoriales. Une part de cette croissance est due aux migrations, mais la variation due au solde naturel reste importante. Il s’agit d’évaluer la fécondité des femmes guyanaises vivant à la frontière avec le Brésil et de comprendre les facteurs jouant sur cette forte fécondité : âge au mariage ou à la première union, formation et dissolution des couples, durée de l’infertilité post‐partum, incidence de l’avortement provoqué, prévalence de la contraception, état de santé, niveau d’études, activité professionnelle, attitudes en matière de sexualité… Il s’agit aussi d’analyser l’évolution de la fécondité au fil des générations, afin de pouvoir faire des prévisions.
Porteur: François Catzeflis
Résumé:
A l’occasion de trois missions effectuées à Trois-Sauts (Haut-Oyapock) dans le cadre du projet ERAES, nous avions pu échantillonner les petits mammifères non-volants vivant sous et dans lescarbets des Amerindiens Wayampi de 4 hameaux. Cet inventaire des rongeurs et opossums commensaux a mis en évidence un peuplement abondant et diversifié (Catzeflis, 2012). La description de cette communauté, vivant aux dépens des Amérindiens, a apporté des connaissances nouvelles sur le commensalisme de rongeurs et opossums néotropicaux, connaissances que nous n’avions pas pu comparer faute d’autres études semblables : « We are not aware of any previously published study describing the commensal non-volant mammals associated with other Amerindian communities in the Guiana Shield nor in Amazonia, thus we can not discuss our findings in a comparative manner. » (Catzeflis, 2012 : page 330). [ERAES = Ecologie de la Résistance aux Antibiotiques chez Escherichia coli et Staphyloccocus aureus ; programme 2005-2010 financé par l’ANR et l’INSERM, sous la direction de A. Andremont ] Le projet de recherche que nous soumettons à l’Observatoire Homme-Milieux de l’Oyapock vise a savoir si une telle communauté de petits mammifères commensaux existe dans un autre village Amerindien, à savoir Trois-Palétuviers situé dans le Bas-Oyapock. La communauté de Trois-Palétuviers est un petit village d’une quinzaine de maisons se trouvant sur la rive gauche du Fleuve Oyapock, à environ 1 heure de pirogue en aval de Saint-Georges de l’Oyapok. Cette communauté très isolée (hormis St Georges en amont, la plus proche bourgade habitée est Ouanary, à 1 heure de pirogue en aval du fleuve) a été fondée vers 1950 par un amérindien Palikur nommé Paul Martin. En 2012, le village compte une centaine d’habitants Amérindiens Palikur, vivant pour la plupart dans des habitations traditionnelles (maisons en bois sur pilotis). Notre étude vise à explorer cette nouvelle piste de recherche mise en évidence à Trois-Sauts, et qui concerne directement les interactions hommes-milieux. Notre hypothèse a priori est qu il existera des rongeurs et opossums commensaux vivant sous et dans les maisons de Trois-Palétuviers dès lors que des ressources alimentaires seront à disposition (restes de repas, fruits et légumes à disposition, diverses préparations de manioc) et que des abris (toiture, planchers bas, broussailles) seront abondants. La composition spécifique d’une éventuelle communauté de rongeurs et opossums commensaux à Trois-Palétuviers sera établie puis comparée avec celle de Trois-Sauts, afin de savoir si ces communautés sont semblables en deux localités distantes mais offrant a priori des ressources (habitat, alimentation) comparables. Enfin, nous profiterons de cette occasion pour effectuer des prélèvementsbiologiques (tissus, sang) sur ces animaux vivant en contact étroit avec la population humaine afin de contribuer aux recherches en cours de l’Institut Pasteur de Guyane (Laboratoire Interactions Virus- Hôtes). Ce projet de recherche s’inscrit dans la thématique « De l‘anthropisation à l’artificialisation des milieux et du vivant » car il permettra de comparer les peuplements de rongeurs et opossums de diverses localites forestières de Guyane avec ceux de deux sites anthropisés (Trois-Sauts : Catzeflis, 2012 ; Trois-Palétuviers : ce projet).
Porteur: Claire Couly
Résumé:
Afin d’appuyer les politiques de gestion des milieux naturels et anthropisées et de suivre les tendances d’évolution de ces derniers, il est nécessaire de disposer de solides connaissances naturalistes incluant des données floristiques, faunistiques et relatifs aux facteurs abiotiques de ces milieux. La commune de Saint Georges de l’Oyapock est soumise depuis des décennies, dans un contexte de croissance démographique, à des perturbations d’origine anthropique associées aux pratiques agricoles (agriculture sur brûlis principalement et pâturage dans une moindre mesure), cynégétiques et extractivistes. Or, jusqu’à présent, peu d’études en écologie ont été réalisées à St Georges pour mesurer l’état des milieux et suivre leur évolution : - un inventaire faunistique (non publié) a été mené en 2012 par l’ONCFS selon la méthode d’IKA (Indice d’abondance kilométrique), - quelques prospections floristiques ont été conduites sur la Gabaret (travaux d’ethnobotanique de P. Grenand, comm. pers. de M.F. Prévost), sur la crique Païra et les savanes roches du bassin de la crique Gabaret dans le cadre de la mise en place des Znieff, (Deal, 2001)1 et de la crique Robert à la pointe Morne en passant par la crique Mazy dans le cadre d’une étude d’impact en vue de la construction de l’actuelle route (De Grandville et al., 2006)2. Concernant le volet floristique, des études basées sur des prospections et non sur des inventaires sont cependant insuffisantes pour caractériser les différentes formations végétales existantes. En effet, à la différence des prospections, les inventaires floristiques permettent, grâce à la mise en place d’un protocole préalablement défini pour le recueil des données sur les parcelles, de prendre en compte l’abondance et la densité des espèces et de comparer les jeux de données entre eux (données issues des différentes parcelles mais aussi issues d’autres sites d’étude) Dans ce contexte, et afin de contribuer à combler ces lacunes en terme de données de biodiversité végétale forestière dans cette région, nous nous proposons de mener des inventaires floristiques à St Georges en se focalisant dans un premier temps, dans le cadre de cette APR, sur les formations secondaires (recrûs forestiers) en vue d’une part, d’élaborer des indicateurs de biodiversité de ces milieux et d’autre part, d’analyser les impacts des pratiques agricoles dans différents types de recrûs forestiers sélectionnés en fonction de leur âge et de l’historique des parcelles sur lesquels ils se sont développés (nombre de cycles agricoles).
Porteur: Valérie Morel-Jegu
Résumé:
La réflexion proposée s’inscrit dans une perspective d’analyse de la réorganisation fonctionnelle de deux confins territoriaux, l’un français et européen polarisé par Saint-Georges de l'Oyapock et l’autre brésilien articulé autour d’Oiapoque et Villa Vitoria, se faisant face de part et d’autre de l’axe fluvial de l’Oyapock à la fois discontinuité administrative entre les deux Etats et lien de vies de ce territoire dans une approche éco- sociosystémique. L'intérêt de cette recherche s’est construit par confrontation au terrain notamment lors de la délégation de Valérie Morel au centre IRD de Cayenne (2008 et 2012) et des missions de terrain en Guyane de Sylvie Letniowska-Swiat et de Marc Galochet de 2009 et 2011. La lecture géographique conjointe du territoire guyanais a permis de produire des articles et de poser quelques éléments de réflexion : - Valerie Morel et Sylvie Letniowska-Swiat, 2012, « Entre logiques institutionnelles et pratiques spontanées de la frontière : la structuration d’une marqueterie territoriale périphérique autour du Bas-Maroni », Géoconfluences, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/frontier/FrontScient10.htm - Marc Galochet et Valérie Morel, à paraître 2012, « Biodiversité et aménagement du territoire en Guyane française : entre ambivalence et contingence », Développement durable & Territoires. - Valérie Morel, à paraître 2012, « Vulnérabilité du territoire littoral guyanais aux maladies infectieuses à transmission vectorielle : esquisses de problématiques et perspectives de recherches pluridisciplinaires », EchoGéo.
Porteur: Patrick Perez
Résumé:
Lors de notre précédente étude des paysages de Saint Georges, de nombreux matériaux ont été collectés et élaborés tant sur le bourg que sur les territoires éloignés de la commune (saut Maripa, Blondin, Martin, Tampack, Trois Palétuviers). Une grande partie de ces matériaux a été restituée dans l'important rapport remis à l'OHM Oyapock au mois d'avril de cette année (Pérez P. et Archambeau O., 2012, Architecture et paysages de Saint Georges de l'Oyapock, CNRS, OHM Oyapock, Cayenne). Cependant cinq petites études complémentaires sur le paysage de la commune n'ont pu être menées à bien faute de temps. Il s'agit précisément de : 1) la structure paysagère et territoriale du hameau de Trois Palétuviers ; 2) une étude du même type concernant le hameau de Tampack ; 3) cinq paysages emblématiques pour la population de Saint Georges ; 4) l'étude des représentations paysagères publiques et locales (cartes postales, fresques, peintures, dessins scolaires, etc.) ; 5) l'impact paysager des désordres urbains (inondations, gestion difficile des ordures, égouts et lagunage saturés, développement du stationnement automobile..). Le présent projet vise à finaliser ces travaux complémentaires.
Porteur: François Feer
Résumé:
Dans la forêt tropicale les activités humaines comme la chasse, l’exploitation forestière ou la collecte de produits non ligneux entraînent des perturbations des communautés végétales et animales. Le niveau de perturbation devient particulièrement prononcé en cas de défrichement, de fragmentation de l’habitat et de l’ouverture de voies de pénétration. Les différentes atteintes agissent souvent en synergie ce qui provoque des pertes significatives de biodiversité et une modification profonde de l’habitat forestier. Il y a un risque de rupture des processus écologiques à la base du fonctionnement de l’écosystème. Une autre conséquence est que les services écologiques dont profite l’homme sont menacés. Estimer le degré de perturbation de la faune et de la flore et ses implications fonctionnelles n’est pas une tache aisée. Obtenir un échantillonnage fiable est souvent long et incertain. Or le gestionnaire de l’environnement a besoin rapidement de données fiables pour prendre les mesures appropriées assez tôt. Le recours à des espèces ou des groupes d’espèces bioindicateurs est souvent utilisé. A condition de les bien choisir, c’est un moyen simple et peu coûteux de suivre dans le temps et l’espace l’état d’un écosystème. Dans la forêt guyanaise comme dans le reste des forêts tropicales humides, les vertébrés et les invertébrés jouent un rôle prédominant dans la dissémination ou la prédation des graines de la grande majorité des espèces végétales. Ils façonnent très diversement dans le temps et l’espace le flux de graines arrivant au sol puis le semis de plantules. Leur effet se combine à celui d’un ensemble d’autres facteurs environnementaux pour modeler la dynamique des stades précoces de la régénération naturelle. Elle est fortement dépendante du rôle disséminateur des animaux. Les communautés de vertébrés frugivores-granivores (oiseaux, mammifères) comprennent les principales espèces cibles de la chasse et celles qui sont les plus sensibles aux dégradations de l’habitat et de ses ressources. Les espèces gibier les plus fragiles à cause de leur mode de vie, de leur taille ou de leur comportement sont fréquemment éteintes localement tandis que d’autres semblent se maintenir grâce à un taux de croissance plus élevé de leurs populations. La question est de savoir à quel niveau elles se situent par rapport à leur « extinction écologique », c’est à dire le seuil de densité en dessous duquel elles ne jouent plus leur rôle naturel au sein de la communauté biologique à laquelle elles appartiennent. De nombreuses forêts offrent un aspect satisfaisant sur le plan botanique, mais leur état faunistique peut être très variable selon la durée et l’intensité de la chasse de subsistance, ou commerciale, qu’elles ont subi. Les Scarabaeinae constituent un groupe bioindicateur de plusieurs paramètres biotiques et abiotiques importants de la forêt tropicale. Leur valeur tient au fait qu’ils présentent une remarquable homogénéité phylogénétique et éco-éthologique, une richesse spécifique gérable, une grande facilité d’échantillonnage et une bonne réactivité aux conditions de l’habitat. Nos recherches en Guyane comme les études menées ailleurs dans les régions tropicales montrent que les Scarabaeinae forestiers sont très sensibles aux conditions microclimatiques (température et humidité) du sous-bois qui sont largement dépendantes de la hauteur et de la fermeture de la canopée. Les Scarabaeinae sont réfractaires aux conditions sèches et chaudes à des degrés divers selon les espèces mais très clairement au niveau de l’assemblage local. Des études suggèrent que les Scarabaeinae coprophages et nécrophages réagissent aussi à l’abondance et à la distribution de leurs ressources alimentaires qui provient de l’assemblage local des vertébrés. Cet effet est cependant difficile à mettre en évidence car la chasse qui affecte la grande faune est souvent associée à des dégradations de l’habitat qui agissent de manière synergique. Le moyen d’y parvenir est d’échantillonner le long d’un gradient d’intensité de chasse et de dégradation de la faune mais avec le minimum de différences d’habitat. Nos travaux récents dans la région montrent donc qu’il est possible d’estimer de manière indirecte l’état de la faune grâce à 1) des mesures de l’activité des vertébrés frugivores-granivores sur une série choisie d’espèces d’arbres qu’ils exploitent, et à 2) l’examen de la structure des assemblages d’un groupe de Coléoptères qui dépend entièrement de la faune pour ses ressources.
Porteur: Aurélia Stefani
Résumé:
Le paludisme reste un problème de santé publique majeur dans la région du plateau des Guyanes. La zone transfrontalière entre la Guyane française et l'Amapá est particulièrement exposée avec des taux d’incidence des plus élevés d’Amérique. Les dynamiques spatiale et temporelle du paludisme dans cette zone sont liées à la présence et aux caractéristiques du vecteur, aux conditions et aux altérations du milieu, mais aussi aux comportements humains et notamment la circulation des personnes de part et d’autre du fleuve et d’amont en aval (et inversement). Un recensement des cas de paludisme existe de chaque côté du fleuve Oyapock depuis plus d’une dizaine d’années, mais à ce jour, aucune information n’a été partagée entre la Guyane et l’Amapá. Un inventaire et une description détaillée de ces données (mode de recueil des données et de confirmation des cas, réponses thérapeutiques du corps médical, etc.), leur intégration dans un Système d'Information Géographique (SIG) et leur analyse spatiale pourraient aider à la compréhension de l’épidémiologie du paludisme dans cette région de l’Oyapock qui ne s’arrête pas à la frontière. En effet, il n’est plus concevable, à l’heure actuelle, de se contenter d’un point de vue unilatéral, non seulement sur l’état de la situation du paludisme mais aussi sur les prises de décisions qui en découlent.